Comment reconnaitre la pourriture grise
Signes et symptômes du Botrytis
Le symptôme le plus caractéristique du botrytis est une moisissure d’apparence blanchâtre, qui devient grise à mesure qu’elle grossit (c’est ce qui lui donne le nom de pourriture grise). La zone infectée présente un aspect duveteux qui peut être visible à l’œil nu ou observée à la loupe. Ce duvet correspond au mycélium du champignon et peut créer un nuage de spores lorsqu’on secoue la plante botrytisée.
De grandes taches irrégulières brunes ou beiges sur les feuilles sont un autre signe du Botrytis, qui peut toutefois être confondu avec d’autres maladies cryptogamiques comme le mildiou.
Le Botrytis n’affecte que les parties aériennes des plantes, comme les feuilles, les pétales ou les tiges, et cela à n’importe quel stade de leur croissance, bien que les jeunes pousses et les parties blessées ou mortes soient généralement les premières touchées (guettez les symptômes de fonte de semis).
Vous observerez d’abord un brunissement des feuilles, qui gagnera ensuite les pétioles puis les tiges. Ces zones infectées peuvent s’étendre rapidement, jusqu’à faire flétrir l’ensemble de la plante et la tuer.
La maladie est insidieuse : les premiers symptômes passant parfois inaperçus, puisqu’ils surviennent souvent à l’intérieur d’un couvert de feuilles denses, voire au cœur même des légumes-feuilles, par exemple au plus profond d’une tête de laitue.
Pourriture grise et pourriture noble, quelle différence ?
Bien qu’elle provienne du même champignon Botrytis cinerea, la pourriture noble est rare et bénéfique. Elle se développe sur les raisins mûrs dans des conditions spécifiques de brouillards matinaux suivis d’après-midis ensoleillés et secs.
En desséchant les raisins, la pourriture noble permet de concentrer les sucres et de développer des arômes complexes de miel et de fruits confis. De célèbres vins blancs liquoreux sont produits grâce à la pourriture noble, comme le Sauternes (dont le fameux Château d’Yquem), le Coteaux-du-Layon ou le Monbazillac.
En cas d’humidité excessive, la pourriture noble peut se transformer en pourriture grise et rendre le raisin impropre à la vinification.
Quelles sont les plantes touchées par Botrytis ?
La pourriture grise peut infecter plus d’un millier d’espèces de plantes et causer de graves dommages aux cultures sous serre suivantes :
- Légumes-fruits (tomates, concombres…)
- Légumes-feuilles (salade et laitue…)
- Fruits rouges comme les fraises
- Aromates comme le basilic
- Plantes d’ornement comme les cyclamens, les roses, les chrysanthèmes…
Les causes du Botrytis
La première chose à savoir (et la plus déprimante peut-être), est que le Botrytis se cache partout. Il lui faut simplement les conditions appropriées pour se développer. Comprendre le cycle de vie et le développement du Botrytis est donc la clé du succès pour s’en prémunir.
Développement et propagation
Comme d’autres champignons, Botrytis cinerea possède une plage spécifique de température et d’humidité relative (HR), nécessaires à la germination des spores et au développement vers la maladie pourriture grise :
- Une température comprise entre 18°C et 23°C (la croissance du champignon est inhibée par des températures supérieures à 32°C)
- Une humidité relative au-delà de 90 % HR (ou la présence d’un film d’eau à la surface de la plante pendant 4 à 8 heures)
En dehors de ces conditions, Botrytis vit en état de dormance sur des débris végétaux (parfois pendant 20 ans !), sous la forme de structures particulières appelées « sclérotes ». Ce sont elles qui constituent la principale source d’infection lorsque les conditions deviennent favorables. Elles germent alors pour produire des fructifications asexuées appelées conidies, qui à leur tour libèrent des spores déplacées par les courants d’air jusqu’aux cultures. Une fois sur les plantes, elles développent la fameuse moisissure grise (le mycélium), qui infectera les tissus végétaux et produira encore plus de spores eux-mêmes contaminants.
Sans une action préventive ou curative, ce cycle se répétera ainsi durant toute la saison et ravagera probablement l’ensemble de la culture.
Peut-on manger des tomates atteintes de Botrytis ?
Tout dépend du stade d’évolution de la maladie. Il est préférable de vous abstenir de les manger si vos tomates sont molles et présentent des signes de moisissure évidents. Celles-ci n’auront de toute manière pas très bon goût.
Il arrive tout de même parfois que Botrytis se développe sur des tomates immatures en formant des auréoles caractéristiques appelées « taches fantômes », mais sans pourrissement. Il n’y aura pas de véritable détérioration du fruit, malgré cet aspect étrange vous pourrez consommer vos tomates sans danger.
Lire aussi
10 méthodes de prévention du botrytis
À l’intérieur d’une serre de jardin, Botrytis cinerea peut survivre tout l’hiver en état de repos sur les végétaux morts ou à l’intérieur du sol. Compte tenu de la facilité avec laquelle le champignon peut se propager ultérieurement, les propriétaires de serres doivent donc prendre toutes les précautions pour éviter le développement de la maladie.
Ces mesures sont essentiellement basées sur la prévention et la détection précoce du Botrytis, en particulier :
- Maîtriser l’humidité relative propice au développement du champignon. La clé pour maîtriser Botrytis est de maintenir le couvert végétal sec, surtout la nuit.
- Empêcher la contamination en cas de foyers infectieux
1) Aérer suffisamment la serre
L’aération de la serre est le moyen le plus efficace de diminuer l’humidité relative à l’intérieur de celle-ci. Une bonne circulation de l’air entre les plantes suffit généralement à maintenir un environnement sain. Si vous possédez une serre de grande taille, comme une serre horticole, utilisez des ventilateurs pour faire circuler l’air plus efficacement.
Pour améliorer la ventilation :
- Ouvrez en grand les fenêtres et la porte de la serre lorsque les températures augmentent pour remplacer l’air chaud (humide) par de l’air frais (plus sec)
- En hiver, chauffez la serre la nuit pour réduire la condensation (l’air chaud absorbe l’humidité)
- Installez un capteur d’humidité pour permettre l’ouverture et la fermeture automatique des fenêtres et des bouches d’aération.
Lire aussi
2) Arroser correctement
Vous le savez probablement sans doute déjà : mouiller le feuillage est le meilleur moyen de permettre le développement des maladies.
Respectez toujours les recommandations suivantes :
- Arroser au pied des plantes pour limiter les projections d’eau
- Privilégier l’arrosage goutte-à-goutte pour éviter de sur-arroser
- Arroser le matin pour laisser à l’eau le temps de pénétrer en profondeur. Si vous arrosez en soirée, le séchage la nuit sera difficile et vous augmenterez le taux d’humidité relative propice au Botrytis
Lire aussi
3) Espacer suffisamment les plantes
Évitez de trop serrer les plantes. Les cultures denses où les feuilles se chevauchent peuvent créer un microclimat humide favorable aux infections par Botrytis.
Pour éviter la rétention d’humidité pendant de longues périodes, espacez toujours suffisamment les plantes.
De même, utilisez des bancs équipés de larges orifices (par exemple une grille métallique) pour que l’air puisse circuler entre les pots.
Lire aussi
4) Éliminer les plantes touchées ou mortes
Tous les débris végétaux morts laissés sur place peuvent constituer un foyer d’infection parfait. Les spores de Botrytis pourraient se propager en un clin d’œil dans toute la serre.
Retirez soigneusement tous les débris végétaux de la culture précédente et éliminez ces résidus végétaux loin de la serre. Leur mise au compost et la montée en température suffira à tuer les germes.
5) Misez sur le paillage
C’est souvent depuis le sol que Botrytis débute sa prolifération. Évitez de laisser votre terre à nu en la recouvrant de paillis.
Ce paillage empêchera les projections d’eau de la terre vers le feuillage et évitera le contact direct des fruits ou des légumes avec le sol.
Lire aussi
6) Emplacement de la serre
Une serre installée au mauvais endroit peut favoriser le développement de pourriture grise. L’emplacement idéal de votre serre doit être dans un endroit aéré afin de favoriser au maximum la ventilation naturelle, et de préférence dans un espace peu encaissé où l’air frais risque de stagner.
Attention aussi aux variations entre les températures diurnes et nocturnes, en particulier à proximité d’un plan d’eau, en bord de mer, près d’un barrage ou d’une rivière. Vous devrez opter pour une serre très bien ventilée pour réduire au maximum les risques de condensation.
Lire aussi
7) Limiter les tailles à risque
Toute blessure d’une plante est une porte d’entrée potentielle pour les infections. Taillez suffisamment tôt en journée pour faciliter le séchage des plaies avant le coucher du soleil.
Les surfaces coupées laissées humides peuvent accueillir des spores qui provoqueront une infection par Botrytis.
8) Nettoyer et désinfecter régulièrement la serre
Maintenir la serre aussi propre que possible est une bonne stratégie pour diminuer les risques d’infection. Nettoyez la serre, les allées, les pots, les étagères de culture et autres accessoires de serre plusieurs fois par an avec un désinfectant biologique. Le meilleur moment pour désinfecter est entre deux cultures lorsque la serre est vide.
Lire aussi
9) Examiner les plantes qui rentrent dans la serre
Examinez scrupuleusement toutes les plantes que vous faites entrer dans votre serre. Idéalement, recherchez des signes d’infection par Botrytis cinerea sur les plants à la recherche de feuilles flétries et/ou de tissus en décomposition avant même leur achat.
10) Éviter l’excès d’azote
Trop d’azote contribuera au développement excessif du feuillage. Or, l’excès de feuilles empêchera l’air de circuler et maintiendra un fort d’eau humidité relative. Certains professionnels recommandent aussi un apport adéquat en calcium pour permettre de renforcer la paroi cellulaire des plantes et assurer ainsi une meilleure résistance aux infections.
Les traitements naturels contre la pourriture grise
Quel que soit le traitement pour lequel vous opterez, il est essentiel d’intervenir rapidement. À défaut, les spores se disperseront rapidement et toute votre culture pourrait être compromise.
Bien que les fongicides chimiques puissent être utilisés avec succès pour lutter contre la pourriture grise, il existe des souches de Botrytis résistantes aux fongicides. En optant pour une lutte naturelle, vous contribuerez aussi à la durabilité environnementale.
Parmi les solutions possibles, vous pouvez opter pour un mélange de bicarbonate de potassium. Il élève le niveau de pH du sol et crée ainsi des conditions défavorables au développement des mycéliums fongiques.
Certains champignons sont des antagonistes naturels du Botrytis, comme Ulocladium oudemansii. Utilisés comme traitement biologique non invasifs (ces champignons ne causent pas de dommages aux tissus végétaux vivants), vous n’aurez qu’à répandre leurs spores sur les feuilles infectées pour observer une amélioration.